Cet automne j’ai réussi un de mes projets en bloc dans les Laurentides. Je l’ai nommé Le Sel de la Terre et je l’ai coté V12. C’est le nom d’un documentaire de photos sur le travail de Sebastiao Salgado et c’est une cote qui n’a pas été donnée souvent à un bloc au Québec. Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas plus de blocs de cette cotation?
Autour de Montréal, la roche grimpable est une ressource limitée. Avec les problèmes d’accès, la géologie qui ne forme pas tant de falaises déversantes et le manque d’ouvreurs, on fait vite le tour de ce qui est intéressant.
Mais, il y a une chose qu’on a en quantité démesurée: des blocs de granite.
En plus, récemment, il y a tout un groupe de motivés qui nous ouvre la voie. Ils cherchent les blocs sur les images satellites et les cartes topographiques. Ils les trouvent en raquette l’hiver. Finalement, ils y retournent au printemps, brossent les prises et arrangent les landings. Ce sont des secteurs entiers clef en main! Grâce à eux, il y a maintenant toute une constellation de secteurs dans les Laurentides. Mais s’il vous plaît, faites attention: l’accès est sensible! L’information doit circuler de bouche à oreille. Tout ça pour dire que le terrain de jeu ne se limite plus au secteur des Dames à Val-David.
Malgré tout, on dirait que la mentalité chez les grimpeurs forts, à Montréal, c’est encore que, pour grimper des blocs difficiles, il faut aller voir ailleurs. Il faut aller aux États-Unis, en Afrique ou en Europe. On pourrait croire que les glaciers, qui recouvraient le Québec et qui ont déplacés les blocs erratiques, ont formé plein de blocs de tous les niveaux sauf des très difficiles. N’importe quoi! On se trompe. Entre les Laurentides et les Adirondacks, on est entouré de lignes superbes de haut calibre.
Le Sel de la Terre est un bon exemple du potentiel de bloc Vdifficile. La ligne est évidente: ça part sur un bac et gauche-droite-gauche-droite plus tard ça finit sur un bac. Il n’y a pas d’astuce ou de séquence bizarre. Même que, quelqu’un qui a la marge physique pourrait assez facilement le flasher.
En escalade en général, mais surtout en bloc, c’est la difficulté qui me fascine. Quand je pense au potentiel des Laurentides, ce sont les nouvelles lignes extrêmes qui me viennent en tête. Mais, en réalité, tout le monde peut y trouver son compte. Avec la nouvelle vague de développement, il y a plein de blocs de tous les niveaux à explorer.
Avant qu’on le grimpe, un bloc n’est qu’un gros caillou froid et sans signification. Au pire, c’est un obstacle; au mieux, c’est une curiosité dans la forêt. C’est avec notre vision de grimpeur qu’on lui donne une signification. Après tout, comme ils disent dans le documentaire, le sel de la terre… c’est l’homme! Alors allez y selon vos goûts! À vos brosses, à vos crashpad! Allons donner de la vie à ces chaos de blocs!